Le Hornstrandir est la contrée la plus sauvage de l’Islande. C’est simple, il est impossible d’y aller par la terre car un glacier sépare cette petite région du reste de l’île. On y accède donc forcément par la mer. C’est une réserve naturelle depuis la moitié du XXème siècle, c’est sans doute son inaccessibilité qui a permis de préserver autant cette région des activités humaines. La faune et la flore y sont donc à l’état sauvage. Plusieurs millions d’oiseaux y viennent nicher en toute quiétude. Il n’y a pas de moutons (ils transforment la flore beaucoup plus qu’on ne le pense), uniquement quelques petites maisons. C’est aussi le seul endroit où les renards polaires ne sont pas chassés en Islande (partout ailleurs, ils le sont farouchement). On se dit que c’est une occasion rêvée pour tenter d’en apercevoir un.
Le cercle polaire arctique passe tout près de ces terres battues par les tempêtes et le froid en hiver. Plus personne n’y habite en hiver depuis les année 50. L’été, quelques randonneurs accostent pour quelques jours tout au plus. Il y a plusieurs refuges sur place et même un café-auberge dont nous aurons l’occasion de reparler plus tard.
Nous décidons de nous aventurer en Hornstrandir pour la journée. On prévoit de marcher de la baie d’Aðalvík à celle d’Hesteyri (14km), la bateau nous dépose au début de la randonnée et vient nous chercher au point d’arrivée.
Nous partons donc par bateau depuis Bolungarvík de bon matin sous un soleil inespéré (même la météo n’était pas aussi optimiste la veille). Nous sommes les seuls étrangers à bord sur la quinzaine de passagers. Heureusement, le capitaine nous traduit les explications dans un bon anglais. L’islandais est une langue assez chantante (en tout cas beaucoup plus qu’il n’y parait en la lisant), ils roulent un peu les r et les sons sont plutôt doux. On décèle quelques origines anglo-germaniques avec quelques mots proches de l’anglais (ex « Hús » comme en anglais « house »).
Le capitaine nous informe rapidement qu’il a un souci de planning et que nous devrons absolument reprendre le bateau de 16h pour rentrer au lieu de 18h. On croise les doigts pour avoir assez de temps. Après 1h de traversée, nous arrivons à Aðalvík à midi. Le soleil illumine la baie : l’eau turquoise scintille et les herbes hautes sont d’un vert éclatant. Une fois le bateau parti, on est frappé par le silence qui règne ici. La randonnée démarre en longeant la plage. Nous apercevons quelques traces de pas du fameux renard polaire, mais il ne se montre pas. On est époustouflé par la beauté et la pureté des paysages. Puis, on remonte le ruisseau, laissant la baie turquoise derrière nous. Une fois arrivés en haut de la colline/montagne (900 mètres d’altitude, on n’est pas non plus en train de gravir l’Everest!), on arrive sur un plateau de roche et de neige ! Et il en reste une belle épaisseur par endroit. On a dépassé les deux heures de marche, mais pas encore la moitié des kilomètres… Arriver avant 16h de l’autre côté semble de plus en plus incertain à ce stade.
Enfin, on arrive à Hesteyri après moins de 4h45 de marche, nous apprenons que le bateau est parti parce qu’un groupe particulièrement insistant voulait avant 16h !! Nous expliquons la situation au propriétaire de l’auberge « Old Doctor’s House » qui n’est autre que le frère du capitaine, il est calme et souriant. Il nous propose donc que l’on dorme sur des matelas dans un coin d’une des petites salles à manger. Nous sommes donc ici pour une nuit, voilà qui est plus qu’inattendu !
L’auberge « Old Doctor’s House » se situe dans une maison du début du XXème à la déco d’antan, ouverte uniquement de juin à fin août, dont il faut réserver longtemps à l’avance pour y dormir la nuit. On y sert des crêpes à la confiture, du gâteau à la rhubarbe et du café l’après midi.
Nous apprenons en discutant avec le propriétaire que sa famille est native d’Hesteyri depuis des générations. Ses parents ont vécu à l’année dans ce hameau jusqu’à leur 8-10ans, ils étaient la première génération à quitter les lieux en hiver. J’évoque mes origines bretonnes et les pêcheurs paimpolais qui venaient ici en Islande de longs mois, ça lui parle beaucoup. Il nous dit qu’ici à Hornstrandir, ils vendaient de la neige aux bateaux de pêche étrangers pour conserver le poisson !
Nous dînons à l’auberge et profitons d’être ici pour faire une courte promenade autour de la maison, dernière chance d’apercevoir le renard ! Vous verrez dans les photos si nous l’avons finalement vu !
C’est le seul mammifère qui était présent avant l’arrivée de l’homme en Islande. On peut en voir dans les pays tout autour du pôle Nord. Leur pelage devient tout blanc en hiver. Il peut survivre jusqu’à -45°C grâce à une fourrure particulièrement dense. Il se sert de sa queue pour se protéger la tête et les pattes du froid glacial. Ce petit renard a longtemps été chassé pour sa fourrure, qui est l’une des plus chaudes au monde. Il est encore beaucoup chassé en Islande par les éleveurs de moutons.